mercredi 6 septembre 2017

Retour vers le futur III... (bon, et après j'arrête !)

Chers anagnostes,

Voici le dernier opus des épisodes de mon voyage dans le passé des festivals de jeux de ce début d'années (vous suivez ?).

Un voyage épique

Après de nombreux salons aux quatre coins de l’hexagone, ma tournée se terminait par l'un des plus grands festivals français, Paris Est Ludique, autrement nommé PEL par la communauté ludique. Si vous avez suivi mes péripéties dans les articles précédents, PEL révélait un caractère particulier puisque, sélectionné pour le concours de créateurs catégorie Expert, j'avais décidé de créer une nouvelle version toute neuve de Terra Explorare.

J'étais donc tout excité lorsque je me rendais à la gare d'Aix en Provence prendre mon train direction la capitale. Sauf que l'excitation redescendit à vitesse grand (TG)V ! Après 1h30 de retard, mon train arrivait enfin en quai... pour ne jamais en repartir ! Alors que nous étions tous montés à bord, la lumière s'éteignait ainsi que la clim'. Dommage en plein mois de juin en Provence ! 
Et là, on apprit que la motrice de la rame de tête, celle qui tracte, était en panne. La motrice de la rame de queue fonctionnait elle, mais ne pouvait être utilisée pour pousser. Et un train, bah ça ne sait pas faire demi-tour (si, si, j'ai bien réfléchi, c'est pas possible ! même avec la SNCF). 

Et là, j'eus soudain une révélation. Etait-ce finalement ça le plan machiavélique de la déité malveillante qui me mettait des bâtons dans les roues depuis plus d'un mois (cf article précédent) : m'empêcher de concourir à PEL? Mais à quelle fin ? Quel intérêt pouvait-elle avoir à faire ça? Que lui avais-je fait pour mériter ça ? Qui pouvait m'en vouloir? A moins que... Une idée germa doucement dans ma tête : et si elle avait des accointances avec quelques cultistes bretons? 

No comment...
Mais revenons à nos moutons (ceux qui regardent passer les trains bien sûr, enfin là, ils n'avaient pas grand chose à regarder). Après de nombreux atermoiements, nous voilà enfin partis pour ... Marseille, la direction opposée, pour y trouver une locomotive qui pourrait détacher la rame de tête. Bref, je vous passe la suite, encore pas mal d'attente à Marseille, un plateau repas offert par la SNCF digne des grands soirs (à nous de vous faire préférer le train... bon bah là, c'est loupé) et un départ finalement avec 3h de retard.

Bilan : arrivée à Paris à M'inoui passé (je m'y fais pas au nouveau du TGV) où il me fallait encore rejoindre l'appart hôtel où j'allais loger pendant 2 jours avec les Ludonautes et Florian Sirieix. Je m'endormais sans trop de mal, avec cependant encore en tête l'image de Cthulhu en tenue de bigoudaine (oui, je sais, ça fait peur !).

Un auteur démasqué

Après une nuit courte et quelques minutes à pied direction la pelouse de Reuilly, me voilà à pied d'oeuvre pour attaquer du bon pied ce concours de créateurs. Quel pied ! 
Mais alors que j'attendais mon bracelet d'accès au festival, je vis débarquer la horde sans nom des membres du collectif Troadé, venus en nombre participer au festival. Et parmi eux je remarquai immédiatement un certain Pascal L. - dont je cacherai l'identité par respect pour les générations de joueurs à venir, ce même Pascal L. que j'avais rencontré quelques mois plutôt à Ludinord et qui avait gagné le prix Stratégie avec son jeu Projet Terra Nova. Et alors que nous nous serrions la main, je sentis poindre chez lui une certaine tension, une fébrilité que je n'avais pas perçu lors de notre première confrontation dans le Nord.
Comme si il était étonné de me voir... Et je me rappelai alors certains de nos échanges entre les 2 salons et notamment sa surprise lorsqu'il découvrit que je concourrai avec un nouveau prototype, qui plus est avec un nom proche du sien : Terra Explorare. Mes doutes de la veille cédèrent aussitôt la place à une stupeur sans nom : était-il possible qu'il ait pensé si fort à la venue du poulpe en ciré jaune pour me pourrir la vie qu'au final la créature se soit matérialisée dans notre monde?

Déstabilisé quelques instants, je me dirigeai vers le stand du Pari Ludique, bien décidé à ne pas me laisser envahir par ces idées saugrenues. Mais lorsque je découvris que nous serions installés l'un à côté de l'autre pendant tout le week-end, je dus me résoudre à l'évidence : qui que soit le commanditaire - je pensais de plus en plus que le monstre sournois n'était que la main exécutrice du plan imaginé par un cerveau maléfique - il ne me laisserait pas tranquille. Je compris alors qu'il n'y aurait pas d'autre issue que de concourir contre ledit Pascal L., à la régulière.

Revigoré par l'adrénaline générée par l'excitation d'un combat épique, je disposai mon prototype en soignant la présentation.


Alors que j'en finissais avec l'installation, je vis mon adversaire sortir des cailloux et des jetons épais. Un peu amusé par le côté root de son jeu, je prenais des photos de Terra Explorare tout en me disant que je ne ferai finalement qu'une bouchée de cet auteur breton. Je réalisai cependant très vite mon erreur. Lorsque les premières bourrasques malignes balayèrent mon plateau de jeu (j'eus l'impression que seul le mien était visé), je dus faire face à l'horrible réalité : la venue sur terre du monstre tentaculaire élevé aux palets bretons n'était pas un accident. C'était l'oeuvre du sorcier noir, du prêtre infâme, de l'ignoble scélérat assis juste à côté de moi et qui répondait au nom de Pascal L. ! Je compris aussi que tous les coups seraient permis et qu'il en avait quelques uns d'avance sur moi !

Un plan déjoué

Tout le reste du week-end fut du même acabit. Je vous passerai le détail des coups fomentés par la doublette bretonne mais ils sont allés jusqu'à boucher les toilettes de PEL pour détourner les joueurs de ma table. Je commençai à me dire que je n'avais aucune chance de m'en sortir, jusqu'à ce que je comprenne comment la paire armoricaine communiquait entre elle. Je mettais alors mon plan à exécution : je proposai gentiment de l'eau à mon voisin qui ne se douta de rien. J'y avais glissé au préalable une substance de mon secret à même de rendre sans voix n'importe quel éditeur, toujours prolixe lorsqu'il s'agit de parler de jeux de société bons ou mauvais, surtout les mauvais d'ailleurs (toute ressemblance avec un éditeur de ma connaissance serait fortuite !)

CAR OUI ! JE PEUX TE L'AVOUER MAINTENANT, PASCAL L. : C'EST MOI QUI T'AI RENDU AUSSI APHONE QU'UNE CARPE A PEL!

Je l'avoue, mon plan dépassa toutes mes espérances. Une fois mon adversaire écarté, je n'avais plus qu'à donner le meilleur de moi-même et apporter du plaisir aux joueurs, éditeurs et amis venus découvrir mon jeu. 














Les joueurs me le rendirent d'ailleurs bien en votant pour Terra Explorare qui se retrouva propulsé sur la deuxième marche du PARI LUDIQUE 2017.



J'en profite pour remercier toute l'équipe du Festival Paris est Ludique pour leur accueil et leur organisation. Un festival au top ! A l'année prochaine !

Je repartai donc fourbu mais heureux de mon week-end parisien, le prix acquis concluant une demi-année riche en émotion avec la découverte des festivals en tant qu'auteur, la rencontre avec des dizaines de personnes hautes en couleur (je ne parle pas des power rangers de l'animation... ils se reconnaîtront), et la signature de mon premier jeu Kulkan chez les Ludonautes !

Voilà, j'espère que vous aurez pris plaisir à lire cet article. Vous l'aurez compris, tout ceci n'est qu'un délire littéraire issu du cerveau du Baron mais rédigé autour de quelques événements véridiques qui ont émaillé ce salon (le voyage en train, les toilettes bouchées, la perte de voix...). Mon but était surtout de vous faire découvrir un auteur de demain, Pascal Louvion, que j'ai rencontré sur plusieurs festivals depuis le début de l'année. Nous avons sympathisé, échangé bien sûr sur nos jeux et nos expériences sur les salons et nous nous tenons maintenant régulièrement au courant de nos avancées respectives sur nos prototypes. J'espère pour lui qu'il va bientôt signer Projet Terra Nova (aux dernières nouvelles, cela ne devrait pas tarder) et quelque chose me dit que nous ne serons pas sans nous recroiser...


Pascal (à droite) et un admirateur à Finist'aire de jeu 2017
Je vous salue.

Le Baron